Quelques jours seulement après la « despedida » en équipe 1ère de Jean-Charles Crabos, son ancien coéquipier Franck Benoit (aka Francky Ben’s) a ressorti sa plus belle plume pour nous offrir un hommage dont lui seul a le secret…
Peut-on être LE joueur d’un seul club ?
J’ai toujours pensé que je ferai ce que je voudrais tout au long de ma vie sans jamais me sentir obligé d’aller quelque part, en particulier en chalosse pour aller regarder un match de basket de Nationale 3. Cependant, quand j’ai entendu dire que ce dimanche allait être le dernier match de Jean-Charles CRABOS, j’ai dû abandonner toutes les certitudes d’une vie pour me rendre à l’évidence : je dois aller à Caupenne pour assister à cette dernière danse. Evidemment que j’aurais préféré passer l’après-midi avec mon fils à jouer sur le petit panier des Lakers et lui mettre des énormes poster dunks sur son museau (il a 1,5 ans, mais si tu veux être drafté numéro 1 comme Victor il faut savoir encaisser).
Mais venir rendre hommage à celui qui est appelé le G.O.A.T. n’avait pas d’équivalence : je te postériserai demain mon fils rassure-toi. Petit rappel quand même car aujourd’hui les termes G.O.A.T. sont bien trop vite employés par nos jeunes générations. Le Goat en anglais c’est une chèvre, mais c’est aussi le GREATEST OF ALL TIME (traduction : celui dont les adversaires souhaitent une mort prématurée). Cela anime tous les apéros des soirées entre amis : Nadal ou Federer (non c’est Djoko), Jordan ou Lebron James, Messi ou Cristiano… Je ne suis évidemment pas là pour tenter de vous prouver si oui ou non Jean-Charles CRABOS est le GOAT du REAL Chalossais, je vais plutôt vous expliquer pourquoi il l’est.
Pendant 20 piges vous l’avez vu vous aussi faire des matchs à 30 points, mettre des cross, faire des passes dans le dos sur jeu placé et mettre des petits ponts en fin de match dans les moments clés. Ceci est la partie émergée de l’Iceberg Jean-Charles Crabos mais pour moi, s’il est le G.O.A.T., ce n’est pas que pour ses qualités de basketteur.
Tout d’abord rester autant d’années dans un club c’est assez unique. Seuls Jérôme Dossarps et Kobe Bryant ont fait mieux. Deux petites années à Gamarde le temps de faire une finale de Coupe des Landes avec un ballon Taille 6 (je félicite encore les deux arbitres pour cette erreur de pesée). Mais
ce qui me tue chez Jean Charles c’est la passion qu’il a pour la baballe et plus particulièrement pour le Basket Landais.
Mon premier moment fort à ses côtés (et l’un des pires), c’était dans les vestiaires des arènes de Samadet en 2017 après une défaite en ½ finale de Coupe des Landes contre Côteaux du Luy (Chalalalalalaaaaa…). Nous étions sur le papier supérieurs mais la magie de la coupe et l’handicap logique de 7 points par division pour avantager les équipes de niveau(x) inférieur(s) ont fait le reste (Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants serait purement fortuite). J’ai vu Jean Charles avec les yeux qui piquent pendant de longues minutes dans les vestiaires. Ca m’a permis de pleurer intérieurement et de culpabiliser pendant environ 1 semaine en me demandant comment j’avais pu être aussi mauvais et ne pas aider plus ce joueur pour lui éviter une telle tristesse.
Jean-Charles c’est cette passion, c’est pleurer quand tu gagnes et quand tu perds, c’est aller bosser la journée dans ta pelleteuse et aller t’entraîner le soir alors que t’es cuit, c’est partir le week end en Vendée ou dans la Creuse en minibus en te faisant saigner au perudo (pardon mon Crack je n’ai jamais eu 14 dés de 6), c’est revenir tard et ne pas voir ta famille. Tous ces sacrifices qui t’amènent à un seul et unique but, gagner cette foutue Coupe.
Evidemment il y a aussi les excès de la passion. Il y a ce que vous avez vu, les fautes techniques, les disqualifiantes, les sorties sur civière avec protocole commotion des supporters au premier rang suite à un jet de protège dents, les « recoiffages » d’arbitres suite à un simple malentendu. C’est ça la vraie passion, celle qu’on aime et celle qui nous fait continuer à jouer malgré les chevilles, genoux et dos qui grincent (et les défaites au perudo).
Les « anciens » qui étaient là ce dimanche pour lui dire merci pourraient tous vous raconter un seul de ces discours, ou plutôt une seule de ses menaces de mort envers coéquipiers quand il était mécontent d’une situation. Croyez-moi, quand Jean- Charles parle, tout le monde se tait. Je n’ose imaginer ce qu’il va se passer quand son fils Oscar va le détruire à FIFA avec sa nouvelle Play Station 5. Il va falloir que Mané tempère tout ceci sinon le PEL familial va y passer pour racheter des manettes.
Jean-Charles était, est et sera l’image du REAL pendant encore de nombreuses années. Je n’ai pas effectué de sondages auprès des jeunes licenciés du club pour leur demander pourquoi ils jouent au basket au REAL, mais mon petit doigt me dit que notre Crack local y est pour beaucoup. Il est ce que Jojo est à Chicago, ceux que Kobe est à L.A., ce que Lebron est à Cleveland, ce que Guy ROUX est à Auxerre : celui qui a fait monter le club à un étage qui ne lui était pas destiné.
Il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne retraite mon Crackito, tu vas voir on s’y fait et tu vas découvrir des choses que le commun des mortels connait : rien faire le soir en semaine. Au début c’est dur mais je t’assure, on s’y fait. Si t’as un problème tu m’appelles, on jouera à FIFA (désolé pour ton PEL).
Pour terminer et répondre à la question initiale « Peut-on être LE joueur d’un seul club », la réponse est simple : Jean-Charles CRABOS.
Cœur avec les doigts !